Des accès à la mondialisation très inégaux

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A) Les cœurs de la mondialisation

a) Vers une multipolarité

L’intensification de la mondialisation conduit à la multipolarité, c’est-à-dire à la multiplication des pôles créateurs de richesses. Aux trois pôles majeurs hérités de l’ancienne Triade (Amérique du Nord, Union européenne et Asie orientale) s’ajoutent des pôles émergents confirmés tels que les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) et des pôles secondaires plus récents comme la Turquie ou les monarchies arabes du Golfe persique. L’Occident doit davantage partager les richesses et n’a plus le monopole du développement. Son poids encore fort est contrebalancé par l’affirmation « des Suds ».

Définition

Sud et Suds : l’utilisation du mot au singulier a désigné jusqu’aux années 1990 l’ancien tiers-monde alors disparu. La diversification des pays et des situations de développement conduit à employer le mot au pluriel depuis les années 2000.

Les pôles les plus dynamiques concentrent les trois quarts des échanges commerciaux, accueillent les deux tiers des firmes transnationales (FTN), détiennent les capacités d’innovation les plus importantes et possèdent les places boursières les plus actives de la planète. Ils maîtrisent l’essentiel des flux d’information et les flux financiers. Ils sont les principaux acteurs et bénéficiaires de la mondialisation.

b) L’importance des villes mondiales et des mégalopoles

Les moteurs de la globalisation se retrouvent à l’échelle d’une quarantaine de villes mondiales. Véritables concentrations de pouvoirs économiques, politiques et culturels, elles sont les centres décisionnels de la mondialisation. Ces espaces urbains en réseau constituent parfois de grandes régions urbaines d’au moins 10 millions d’habitants où plusieurs métropoles s’interconnectent. Ce sont les mégalopoles telles que celle du Nord-Est des États-Unis, de la dorsale européenne (de Londres à Milan) ou encore la mégalopole japonaise et plus largement le corridor est-asiatique.

Définition

Corridor est-asiatique : bande littorale en fort développement et qui met en relation les principaux hubs portuaires de l’Asie orientale entre eux et avec le monde.

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Les agglomérations urbaines de plus de 10 millions d’habitants

Les métropoles mondiales sont des espaces de circulation et de convergence des flux migratoires. Elles sont les lieux d’habitation des populations les plus aisées et captent l’essentiel du trafic aérien (70 %) grâce à des hubs. Leurs activités économiques sont internationalisées et largement tertiarisées. La métropolisation se confirme dans les capitales des pays émergents (São Paulo, Bombay, Istanbul) et en développement. Les métropoles mondiales sont enfin marquées par une forte ségrégation socio-spatiale, par des problèmes de saturation du trafic routier et par des phénomènes de pollution plus accentués dans les Suds.

Définitions

Hub : plateforme aérienne ou portuaire mise en réseau. Les hubs rassemblent des lignes de correspondance entre les principaux ports ou aéroports mondiaux.

Métropolisation : généralisation des métropoles dans le monde. Ce phénomène renforce la concentration des hommes et des activités dans de vastes ensembles urbains.

c) Le rôle grandissant des littoraux et des façades maritimes

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Organisation d’une façade maritime

Définitions

Façade portuaire ou maritime : alignement d’un certain nombre de ports et de ZIP sur un littoral fonctionnant en réseau.

ZIP : zone industrialo-portuaire où se concentrent un espace urbain, des zones de production et d’échanges commerciaux.

La multiplication des échanges privilégie les littoraux. La maritimisation et la littoralisation procurent aux côtes une vocation d’interface. Les façades portuaires organisent les échanges maritimes. Celles de la Northern Range (rangée nord-européenne), de la Bosrich (mégalopole allant de Boston à Washington) et du corridor est-asiatique polarisent l’essentiel des flux maritimes intercontinentaux. Elles mettent en relation les espaces maritimes avec les ensembles portuaires et l’arrière-pays (hinterland).

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Les trois principales mégalopoles dans le monde

B) Les espaces en marge de la mondialisation

Une large partie du monde n’est pas encore bien intégrée à la mondialisation. 47 nations forment l’ensemble des pays les moins avancés (PMA), catégorie élaborée par l’ONU depuis 1971 dans le cadre de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement. 33 sont en Afrique, 9 en Asie, 4 en Océanie et 1 aux Antilles. Ces pays se caractérisent par un faible niveau de participation au libre-échange mondial, par un IDH très bas (alphabétisation insuffisante, sous-nutrition et mortalité infantile élevée) et par une vulnérabilité économique (endettement et dépendance à l’égard de l’extérieur).

Sigle

IDH : indice de développement humain.

La faible intégration à la mondialisation concerne des territoires à différentes échelles. Les quartiers défavorisés des métropoles mondiales constituent des poches de pauvreté exclues des dynamiques du libre-échange : c’est le cas des bidonvilles en Amérique latine (les favelas) ou en Inde (les slums). La mondialisation favorise les villes sur les campagnes.

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Les inégalités de développement à l’échelle mondiale