Les transformations du commerce mondial

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A) Les échanges de marchandises

Malgré une forte diminution en 2008, les échanges de marchandises sont croissants à l’échelle de la planète. Ils suivent une évolution parallèle au PIB mondial (+10 % 2018).

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Source : Estimations de l’OMC, perspectives de l’économie mondiale du FMI

Volume du commerce mondial des marchandises et PIB réel mondial aux taux de change du marché, 2008-2018

Cela s’explique par la diminution des coûts de transport sur de nombreuses années malgré une hausse récente du coût de l’énergie, par le déploiement de réseaux physiques et virtuels de communication à l’échelle de la planète.

Les échanges de marchandises restent cependant très polarisés autour de l’Amérique du nord, l’Europe et l’Asie.

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Économies par volume du commerce des marchandises, 2018

B) La chaîne de valeur mondiale

Tous les pays ne participent pas à la même hauteur à la mondialisation. On assiste à une mise en place d’une division internationale de travailcertaines régions du monde fournissent les matières premières pour produire des biens conçus dans d’autres régions du monde. Un phénomène nouveau est observé : les entreprises chinoises s’internationalisent avec des filiales étrangères, comme le firent plus tôt les entreprises occidentales à la fin des années 1970.

Aujourd’hui, les firmes transnationales ont internationalisé leurs processus de production. Elles ont optimisé leurs coûts en produisant des composants du produit final là où elles en tirent avantage. On parle d’internationalisation de la chaîne de valeur. Ainsi, les spécialisations ne se font plus tant sur l’échange de marchandises mais sur les produits semi-finis qui s’échangent entre filiales. Une large part des échanges de produits semi-finis échappe ainsi au comptage statistique des flux de marchandises. La valeur ajoutée est captée par certains pays qui conservent encore une avance technologique sur d’autres.

À savoir

Les chaînes de valeur mondiales génèrent des rentes financières liées aux droits de la propriété intellectuelle vers les pays qui conservent les activités de conception. En 2017, la croissance de ces rentes est de 10 % et 73,4 % de ces rentes vont vers l’Union européenne et les États-Unis. Certains pays sont cantonnés à un rôle d’assembleur.

Parallèlement à cette évolution, les entreprises ont externalisé leurs services et il y a une forte augmentation des flux d’échanges de services auprès des entreprises. Cette croissance s’accompagne d’une augmentation des flux d’échanges numériques. Les services informatiques et de communications croissent de + 15 % en 2018. L’UE (avec notamment l’Irlande) en est le premier exportateur (328 milliards de )devantlInde(58mdsde) devant l’Inde (58 mds de ), la Chine (47 mds de)etlesUSA(44mdsde) et les USA (44 mds de ).

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Source : Estimations de l’OMC

Exportations mondiales de marchandises par groupe de produits et croissance annuelle de 2008 à 2018

(en milliards de dollars EU et variation annuelle moyenne en pourcentage)

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Source : Estimations de l’OMC

Exportations mondiales de services commerciaux par secteur et croissance annuelle de 2008 à 2018

(en milliards de dollars EU et variation annuelle moyenne en pourcentage)

C) Les flux commerciaux

Les flux commerciaux entre les pays du sud en voie de développement sont relativement stables depuis 2012 (environ 52 %). Le reste de leurs échanges s’effectue avec les pays industriels développés (48 % de leur commerce). Ils représentent en tout, 44 % du commerce mondial. En 2018, c’est le secteur du textile qui génère la plus forte croissance de flux de produits manufacturés, +3,3 %. Alors que sur 10 ans, entre 2008 et 2018, c’est le secteur pharmaceutique qui s’est le plus internationalisé au rythme de + 4,2 % par an. La chaîne de valeur des entreprises pharmaceutiques est devenue internationale pour maintenir les marges en faisant baisser les coûts de production des produits suite à la généralisation des médicaments génériques sur les marchés européens. La sécurité des approvisionnements des détaillants repose alors sur l’existence de stocks de sécurité intermédiaires.

Le commerce mondial reste globalement dominé par les anciens pays industriels mais de nouvelles puissances industrielles contestent leur rang. Ainsi, la Chine est devenue le premier exportateur mondial de marchandises. Les États-Unis sont le premier importateur. Les 10 premiers représentent 52 % du commerce mondial.

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Les 7 principaux importateurs et exportateurs mondiaux de marchandises et de services entre 2008 et 2018

La France est la 5e puissance commerciale. Ses principaux partenaires sont :

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Source : Comtrade, dernières données disponibles

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Formation du solde de la balance des transactions courantes

En 2019, la balance des transactions courantes de la France est globalement déficitaire car le solde de la balance des invisibles est excédentaire mais il ne compense pas le déficit de la balance commerciale.

D) Les investissements directs étrangers

L’internationalisation des chaînes de valeurs par les firmes multinationales (FMN) ou transnationales (FTN) s’accompagne aussi de flux d’investissement à l’échelle de la planète pour constituer des réseaux de filiales dans les pays qui sont attractifs, soit en raison de la taille de leur marché intérieur, soit en raison de la qualification élevée de sa main-d’œuvre, soit en raison des faibles coûts de production liés à des ressources abondantes ou à une main-d’œuvre peu chère. Actuellement, la France est en Europe l’un des pays les plus attractifs pour les investissements direct étrangers (IDE).

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Note : *L’indicateur de Performance de la CNUCED est basé sur un ratio entre la part du pays dans le total mondial des IDE entrants et sa part dans le PIB mondial. **L’indicateur de potentiel de la CNUCED est basé sur 12 indicateurs économiques et structurels tels que le PIB, le commerce extérieur, les IDE, les infrastructures, la consommation d’énergie, la R&D, l’éducation, le risque pays. ***Les investissements greenfield correspondent à la création de filiales ex nihilo par la maison mère. ****La formation brute de capital fixe (FBCF) est un indicateur mesurant la somme des investissements, essentiellement matériels, réalisés pendant une année.

Les investissements directs étrangers (IDE) ont des effets contrastés sur les économies nationales. Ils augmentent la sensibilité et la dépendance de l’économie des pays qui les reçoivent aux variations de la conjoncture internationale. Cela exacerbe les rivalités nationales, ce qui est source de tensions géopolitiques entre nations rivales, comme c’est actuellement le cas entre les États-Unis, dont la balance commerciale est largement déficitaire, par rapport à la Chine. Lorsque les flux entrants sont croissants, les possibilités de financement des investissements augmentent mais lorsque le mouvement est contraire, cela à un effet négatif sur le PIB et sur l’emploi.

Les gouvernements des nations rivales ont alors la tentation de protéger leurs emplois industriels, leurs marchés intérieurs et les secteurs stratégiques en mettant en place des mesures protectionnistes et un contrôle des IDE. Aujourd’hui, après un mouvement de grande ampleur, on assiste à un mouvement balbutiant de relocalisation des activités et à une contraction des IDE dans le monde.