Les sources d'une croissance économique soutenable

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A) Le progrès technique et l’accroissement de la productivité globale des facteurs

Pour limiter l’impact de la croissance sur notre environnement, il apparaît que les progrès technologiques sont nécessaires car ils induisent une hausse de la productivité. Pour un niveau de production donné, la hausse de la productivité entraîne une baisse de la consommation de facteurs de production.

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Source : www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr

Évolution de la consommation de matières et de la productivité de matières de l’économie française

La productivité matières est le PIB par unité de matières consommées (DMC Domestic Material Consumption). Lorsqu’elle s’accroît, cela signifie que la création de richesses est plus que proportionnelle à la consommation de ressource matérielle. Cet indicateur permet de suivre la transition écologique de l’économie et de faire des comparaisons internationales. C’est aussi un moyen pour l’État de fixer des objectifs économiques. La loi du 17 août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte fixe comme objectif pour la France une augmentation de 30 % de la productivité des ressources entre 2010 et 2030.

B) L’origine des progrès techniques

La croissance comporte en elle-même les facteurs de la croissance future sous la forme de progrès techniques. Ces progrès techniques sont rendus possibles grâce à l’investissement.

a) Les progrès techniques favorisés par les investissements

Ces investissements sont matériels sous la forme de machines (formation brute de capital fixe FBCF). Sous la pression de la concurrence, les machines sont sans cesse améliorées et optimisées pour en augmenter l’efficacité et ainsi obtenir des avantages en matière de coûts et d’avancées technologiques. Depuis 2015, la part de la FBCF dans le PIB en France est croissante. Elle est de 22,86 % en 2018.

Ces investissements sont immatériels notamment dans la recherche et développement (R&D). Ces investissements permettent de générer des rentes sous forme de droits d’exploitation, de proposer de nouveaux produits sur le marché et d’optimiser les processus de décision et de production grâce aux réseaux d’information.

À savoir

En 2015, la France consacre en moyenne 2,23 % de son PIB à la R&D (soit une hausse de 2 % depuis 2007) et se place au 7e rang des pays de l’Union européenne. Quelques secteurs concentrent un effort de recherche particulier : la construction aéronautique, spatiale, l’informatique, l’électronique et l’optique.

Ces investissements sont humains dans la formation et l’éducation pour améliorer le stock de connaissances et rendre les progrès techniques et l’optimisation des processus possibles. En 2019, une réforme profonde de la formation professionnelle est entamée en France autour du droit individuel des salariés à la formation et de ses modes de financement proportionnel à la masse salariale des organisations qui les emploient. La formation est une obligation de l’employeur. Ces dépenses s’ajoutent aux dépenses publiques de la formation initiale prise en charge par l’Éducation nationale.

b) La croissance boostée par l’innovation

La croissance génère des externalités positives qui poussent à l’innovation et qui engendre à nouveau de la croissance. Dans un secteur d’activité, les progrès génèrent parfois des effets dans d’autres secteurs, sans que les activités soient directement liées.

Zoom sur...

Les imprimantes 3D

Les imprimantes 3D sont des machines capables de créer des objets à partir de dessin en additionnant de la matière est rendu possible par les progrès réalisés entre autres dans la conception assistée par ordinateur, les progrès sur la synthèse des matériaux. Cela à des implications dans d’autres d’activités comme le secteur médical (fabrication de visière de protection, de pièces de respirateur, de prothèse), la maintenance industrielle, la mécanique, la production d’objets de consommation en micro série, l’industrie agroalimentaire, le secteur du bâtiment, etc.

Dans le domaine médical : fabrication d’une main bionique.

Dans le domaine de la construction : impression d’une maison en 3D.

Dans le domaine automobile : une start-up créée par des jeunes propose l’impression 3D de pièces automobiles pour les voitures anciennes.

Le système financier permet de focaliser les flux d’investissement vers les activités en principe favorables à la croissance car elle valorise les investissements des activités qui rencontrent une demande (ce n’est pas toujours le cas lorsque l’investissement est purement spéculatif ou improductif). La rentabilité des investissements est un facteur qui stimule les investisseurs.

C) Les limites de la croissance économique

a) L’épuisement des ressources naturelles

Il faut distinguer les ressources naturelles renouvelables des ressources non renouvelables. Les premières, au cours d’une durée plus ou moins longue, peuvent se reconstituer naturellement. C’est le cas pour tous les constituants de la biomasse comme les forêts, les réserves halieutiques (poissons et crustacés issus de la mer) et les êtres vivants. Les secondes ne se reconstituent pas ou alors sur un temps si long qu’on peut les considérer comme non renouvelables.

L’épuisement des ressources renouvelables survient si la consommation est plus rapide que le cycle de renouvellement, comme c’est le cas pour la pêche. De nombreuses espèces de poissons surpêchées comme le thon ou le cabillaud se raréfient. La surexploitation forestière est aussi une inquiétude, notamment au Brésil, où les gains de l’agro-industrie à court terme pourraient avoir à long terme des conséquences désastreuses sur la régulation du climat mondial alors que le Brésil avait adopté un code forestier vertueux.

Pour les ressources non renouvelables, la durée de consommation dépend de l’intensité de l’exploitation et du stock de réserves disponibles.

À savoir

Selon des estimations, le monde a déjà consommé 1 200 milliards de barils de pétrole pour des réserves prouvées restantes de 1 500 milliards de barils, soit environ 40 ans de consommation. Les réserves disponibles sur la planète sont nécessairement finies mais l’évolution de la technologie permet de repousser pour un temps les limites d’exploitation.

Aujourd’hui, qu’elles soient renouvelables ou non, de nombreuses études montrent qu’il y a une surexploitation des ressources naturelles. Même si les progrès technologiques permettent des économies de ressources, ils ne compensent pas l’accroissement des besoins de la population mondiale.

b) Le réchauffement climatique

Le réchauffement climatique est une menace sur la croissance économique et le développement à long terme. D’après la communauté scientifique, il existe un lien entre la croissance économique, les émissions de gaz à effet de serre dans l’atmosphère et le réchauffement climatique.

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Le réchauffement climatique compromet d’abord l’alimentation humaine. Il perturbe le métabolisme des végétaux, la géographie et le cycle des récoltes. On constate aussi une diminution de la biodiversité. Une hausse de 2,5 °C entraînerait la disparition de 30 % des espèces, alors qu’on s’attend à une hausse des températures de plus de 4,8 °C à l’horizon 2100 si rien ne change. Or, 35 % de la nourriture dépend des insectes pollinisateurs comme les abeilles dont la disparition serait une catastrophe écologique et économique.

Le réchauffement climatique est aussi une menace sur les infrastructures économiques. D’après des prévisions du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), une hausse de 43 cm du niveau des mers est attendue autour de 2100 avec par exemple l’inondation d’une ville comme Tokyo au Japon et la disparition de 2 000 km2 de la Floride aux États-Unis.

À savoir

Le niveau de la mer augmenté de 17 cm au cours du xxe siècle or, 60 % de la population mondiale réside à moins de 60 km des rivages.

Il menace aussi la répartition des ressources en modifiant la localisation des ressources en eaux et les échanges économiques car il est porteur de conflits potentiels pour accéder aux ressources qui se raréfient.

D) Le développement durable s’appuie sur une nouvelle approche de l’économie

a) La croissance verte

Définition

Le développement durable désigne l’augmentation du bien-être matériel et moral sans diminution des chances de développement des générations futures. Pour le mettre en œuvre, il faut une croissance qui prenne en compte les défis sociaux, écologiques et économiques de demain.

La croissance verte est un concept développé par l’OCDE (l’Organisation de coopération et de développement économiques). Selon cette organisation, il est possible grâce aux progrès technologiques :

  • d’améliorer la productivité pour réduire les déchets et de diminuer la consommation d’énergie ;
  • de trouver de nouveaux marchés basés sur des technologies plus écologiques (on parle de technologie verte) qui seront de nouveaux relais de croissance et des moteurs des échanges ;
  • de promouvoir des politiques environnementales qui consistent à créer un cadre légal à long terme, un régime de droit de propriété spécifique, à assainir les finances publiques pour rassurer les investisseurs qui miseront sur les technologies plus respectueuses de l’environnement.

Dans l’UE, cela se traduit par la mise en place d’indicateurs, d’une politique fiscale favorable à l’environnement et des dépenses publiques en faveur d’une transition écologique et énergétique. En France, un cadre légal se met en place en 2015 avec la loi relative à la transition écologique pour une croissance verte.

À savoir
En 2009, 34 pays dont la France, dans une déclaration commune se sont engagés sur cette voie pour une transition écologique.

b) L’économie circulaire

Cest un modèle économique qui prend en compte le recyclage des déchets et l’économie de ressource tout au long du processus de production jusqu’à la consommation, dès la conception de produit. On parle d’écoconception des produits, de production durable et de consommation durable. C’est un des éléments clés de la transition écologique.

À savoir

Récemment, l’État a créé un cadre réglementaire favorable à son développement : « La loi anti-gaspillage pour une économie circulaire du 10 février 2020 ».

c) L’économie collaborative (ou de partage)

C’est un modèle d’activité économique fondée sur l’échange et le partage autour d’une plateforme numérique qui met en relation les acteurs qui ont une demande et ceux qui sont en capacité d’y répondre seul ou à plusieurs. Les échanges sont monétaires ou non.

Exemples

On y trouve des organisations qui proposent des échanges de logement (Airbnb, etc.), des plateformes d’achat collaboratif (AMAP : association pour le maintien d’une agriculture paysanne) mais aussi des entreprises spécialisées de la chimie comme SpecialChem (mise en relation des entreprises qui recherchent une molécule avec celles qui les développent ou les produisent), ou encore les plateformes de formation ou d’enseignement à distance.

Ce modèle économique touche tous les secteurs d’activité et représente en 2016, en Europe 28 milliards d’euros de transactions avec une forte croissance.

d) L’économie sociale et solidaire (ESS)

C’est un secteur d’activité qui se distingue par la finalité des organisations de droit public ou privé qui la compose. Elles mettent l’accent sur l’utilité sociale des services rendus sous la forme de missions d’intérêt collectif, d’insertion sociale, professionnelle et d’échanges. Les acteurs de l’économie sociale et solidaire (ESS) appartiennent au secteur non marchand (associations, fondations, etc.) et marchand (mutuelle, coopérative, scop). Tous les secteurs sont concernés (on parle de tiers-secteur).

À savoir

Aujourd’hui, l’ESS a un poids économique croissant qui représente environ 10,5 % de l’emploi salarié et 10 % du PIB.