Sujet d'étude n°2 : le détroit de Malacca : un point de passage majeur et stratégique

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A) Un couloir maritime majeur…

Situé entre la Malaisie (Myanmar) et l’Indonésie (île de Sumatra), le couloir maritime de Malacca est la porte de sortie des navires qui partent d’Asie pour rejoindre l’océan Indien et le point de passage obligé des pétroliers qui approvisionnent la Chine et le Japon, gros consommateurs énergétiques. Sur une distance d’environ 700 kilomètres et une largeur allant de 35 à 350 kilomètres, ce « corridor énergétique » est l’une des zones maritimes les plus fréquentées au monde.

Définition
Couloir maritime : voie de circulation maritime plus ou moins longue et étroite par laquelle transitent de nombreux navires.

« Porte océane » de l’océan Indien avec le Pacifique, le détroit est donc un axe maritime majeur pour le transport mondial et une artère vitale pour les pays de la région, dont le Japon et la Chine qui y réalise 90 % de ses échanges maritimes avec le monde. Environ 75 000 navires y transitent chaque année. Il met en relation l’Europe, le Moyen-Orient avec l’Asie orientale (trafic interrégional) mais il est aussi un outil de liaison entre les pays asiatiques (trafic intrarégional) membres de l’ANSEA. Le détroit est également traversé par de nombreux flux transversaux qui relient l’Indonésie, la Malaisie et Singapour. La littoralisation qui en découle contribue au développement économique des littoraux. De nombreux ports à conteneurs sont apparus sur les rives du détroit depuis 20 ans.

Définition
ANSEA (ou ASEAN) : l’association des nations du Sud-Est asiatique est un ensemble économique régional élaboré en 1967. Il regroupe 10 pays asiatiques (Indonésie, Malaisie, Philippines, Singapour, Thaïlande, Brunei, Viêt Nam, Laos, Birmanie, Cambodge).



B) … et un passage stratégique au niveau mondial

Le détroit de Malacca est un point de passage particulièrement stratégique. La Malaisie et l’Indonésie se montrent rivales dans le contrôle qu’elles tentent d’exercer sur le détroit. La convention de Montego Bay décrète en 1982 la liberté d’accès au détroit et elle en fait un « passage en transit », c’est-à-dire une voie navigable internationale. Elle donne toutefois aux deux États riverains des garanties en matière de sécurité et d’environnement.

Depuis les années 1980, la Chine déploie sur place un dispositif militaire. Aujourd’hui, elle contrôle partiellement les deux rives du détroit. Sa flotte militaire dispose des moyens de stopper la navigation. En contrepoids à la présence chinoise, une force navale américano-indienne surveille le détroit. Celui-ci apparaît donc comme un espace commun, où se jouent des intérêts partagés (les flux commerciaux) mais aussi comme un espace de rivalités déterminé par des rapports de force entre les puissances locales et des puissances périphériques comme les États-Unis.

La sécurisation du détroit de Malacca explique en partie sa militarisation. Cette voie de passage est en effet devenue une zone grise. Les trafics de contrebande et les passages illégaux de populations clandestines s’y multiplient ainsi que les activités de piraterie.

Définition
Zone grise : zone de non-droit.

La Chine cherche des voies de transit alternatives (nouvelle route terrestre de la soie et nouveaux passages en Arctique). Le projet du canal de Kra en Thaïlande demeure une éventualité qui permettrait de détourner une partie du trafic vers le Nord. Victime de son succès, le détroit de Malacca (aux eaux peu profondes) est devenu un goulot d’étranglement sous tension.