Les formes de l’engagement politique

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S’engager politiquement est essentiel au fonctionnement de nos démocraties. Cet engagement prend une pluralité de formes, impliquant plus ou moins durablement les individus qui souhaitent peser sur les choix de société.

I) Qu’est-ce que l’engagement politique ?

L’engagement politique revêt différentes formes de participation individuelle et collective à une activité politique au sens large, c’est-à-dire un ensemble d’actions qui visent à influencer de manière directe ou indirecte les décisions politiques et les règles de fonctionnement de la société.

L’engagement politique s’appuie sur des ­valeurs et se traduit par des actes concrets dont la temporalité et le degré d’implication individuelle sont variables : voter est une forme d’engagement limité ; militer au sein d’une organisation politique, d’un syndicat ou d’une association engage bien davantage au regard du temps mobilisé (pour ­débattre, organiser des actions collectives…).

Mot-clé

Une valeur est un principe, un idéal, qui oriente les actions et les comportements des individus au sein d’un groupe social ou d’une société.

L’économiste américain Albert Hirschman (1915‑2012) a distingué trois types de réaction d’un citoyen ou consommateur mécontent : le choix de la défection (exit), celui de la soumission (loyalty) ou encore celui de la prise de parole (voice). L’engagement relève de ce dernier choix.

II) Les diverses formes de l’engagement politique

1)  La notion de répertoire d’actions politiques

Un répertoire d’actions politiques (ou collectives) représente les différents moyens d’action dont disposent les individus afin d’exprimer des idées, des revendications, un mécontentement, individuellement ou collectivement.

Le sociologue Charles Tilly (1929‑2008) distingue le répertoire d’actions ancien qui a pour modèle les révoltes paysannes des XVIIe et XVIIIe siècles (mouvements localisés et peu organisés) du répertoire moderne qui émerge au XIXe siècle avec le mouvement ouvrier et apporte de nouveaux moyens d’action, comme la grève, avec des enjeux politiques plus larges, portés par des organisations (syndicats, partis).

2)  Catégoriser les formes de l’engagement

On caractérise différents registres d’engagement politique, utilisés différemment selon les époques, les contextes, les groupes sociaux concernés : les ­pratiques liées aux élections ; le militantisme (partisan, syndical, associatif) et les pratiques militantes (assister à des réunions, coller des affiches, distribuer des tracts…) ; les actions de protestation (pétition, manifestation, grève, occupation, blocage…).

On distingue traditionnellement les formes conventionnelles de la participation politique et les formes non conventionnelles : les premières sont liées au processus électoral , les secondes prennent la forme d’actions protestataires contestant les pouvoirs en place et leurs décisions : participer à des manifestations, des grèves, des pétitions, des occupations de locaux, voire à des activités illégales ou violentes. Elles s’appuient de plus en plus sur la capacité d’Internet à mobiliser et à donner de la visibilité aux actions. Cette distinction est aujourd’hui moins pertinente avec l’affaiblissement des formes traditionnelles de l’engagement.

La consommation engagée exprime une contestation sociale par des choix de consommation, en privilégiant ou boycottant certains produits, en participant à des actions anti-publicité, en encourageant l’agriculture biologique ou les circuits courts (AMAP) et en s’appuyant notamment sur les associations de consommateurs.

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Les moyens d’expression jugés les plus efficaces

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Source : Baromètre de la confiance politique, vague 10, CEVIPOF, janvier 2019.

La majorité des citoyens considère que le vote est le moyen le plus efficace pour influencer les décisions politiques (55 % des personnes interrogées en 2018).

Mais d’autres moyens apparaissent comme plus efficaces dans une proportion croissante : manifester (42 %, + 16 points depuis 2016) et faire grève (27 %, + 6 points depuis 2016).