Qu’est-ce que la conscience ?

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La conscience est une expérience humaine qui semble irrécusable : celle de ma personne comme sujet pensant. Mais quelle est la nature de ce sujet et ce dernier reste-t-il identique à travers la modification incessante des états de conscience ? Comment se fait l’unité du je et est-elle propre à l’homme ?

I) L’avènement du sujet : le cogito

1)  La conscience comme unité d’une vie

L’une des caractéristiques les plus remarquables de la conscience est sa permanence : c’est parce que je ne cesse d’être conscient, c’est-à-dire présent à moi-même, que je peux affirmer l’identité du moi au-delà de tous ses changements. Quel rapport y a-t-il entre l’enfant que j’étais et l’homme mûr que je suis devenu ? Pourquoi ­relier la discontinuité de tous mes états en les rapportant à l’identité d’un moi, sinon parce que ma conscience, toujours, les accompagne ?

2 ) La conscience comme unité des connaissances

Le « je pense », écrit Kant, doit accompagner toutes mes représentations. La conscience se définit comme la présence immédiate et constante de soi à soi.

Descartes souligne avec force le caractère fondateur de cette présence. Le ­résultat du doute méthodique entrepris dans les Méditations métaphysiques est de faire apparaître la certitude absolue et préalable à toute autre du « je pense » (en ­latin cogito) : je ne peux essayer de douter de cette certitude sans la vérifier, puisque si je doute, je pense.

À noter

Il faut distinguer le doute méthodique de Descartes du doute sceptique. Tandis que le second prône une suspension définitive du jugement, le premier est au contraire provisoire : il est un moyen de mettre à l’épreuve les opinions, en vue d’établir des certitudes.

Le sujet pensant et conscient de lui-même devient ce à partir de quoi s’ordonne toute vérité : il n’y a de connaissance possible du monde des objets que pour un sujet qui les pense et se saisit d’abord comme pensée – pour une conscience donc.

II) Le produit de l’expérience

1)  L’identité du moi substantiel est une illusion

Selon Hume, l’identité du moi, comme celle du cogito cartésien, est une ­illusion métaphysique. Il n’existe, en effet, aucune impression, aucune idée du moi en dehors des sensations multiples.

L’esprit n’est « rien qu’un faisceau ou une ­collection de perceptions différentes qui se succèdent les unes aux autres avec une rapidité inconcevable et qui sont dans un flux et un mouvement perpétuels. » Comment alors expliquer l’unité et l’identité personnelles ?

2)  La conscience est le résultat de l’expérience

Tandis que, pour Descartes, l’animal est une machine et n’a pas de conscience, Hume est moins catégorique. Il voit une différence de degré, et non de nature, entre l’animal et l’homme : « Les bêtes sont douées de pensée et de raison tout comme les hommes. »

Tout nous vient de l’expérience sensible, que ce soit pour les hommes ou pour les animaux. En effet, à partir des perceptions, des sensations de plaisir et de douleur, l’animal acquiert lui aussi une expérience, par exemple de ce qui est bon ou mauvais, de ce qu’il doit rechercher ou fuir.

Cette expérience sensible est enregistrée dans la mémoire qui assure ainsi une certaine unité à travers l’existence. La mémoire, sensible, affective et intellectuelle, produit l’identité empirique d’un individu en reliant les idées passées et présentes. Cela vaut, à des degrés différents, pour les plantes, les animaux et les hommes.