En quoi consiste la science politique ?

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Pour vivre harmonieusement, une société peut être amenée à prendre des décisions qui concerneront l’ensemble de ses membres. La science politique étudie la façon dont se prennent ces décisions, dont les individus accèdent au pouvoir de décider, et dont sont construites ces règles.

I Les origines de la science politique

1  La science politique dans l’Antiquité

Dès le VIIIe siècle avant Jésus-Christ, Homère décrit dans L’Odyssée des assemblées réunies afin de régler des conflits. Chacun, à son tour de parole, peut proposer une solution ; celle qui obtient l’accord général est retenue.

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Dans une démocratie, les gouvernés sont associés aux principales décisions concernant la façon dont ils sont gouvernés.

Mais c’est Hérodote (Ve s. av. J.-C.) qui, le premier, étudie méthodiquement les systèmes de prise de décision. Il distingue la monarchie, pouvoir d’un seul – qui a sa préférence si le monarque est « homme de bien » –, l’oligarchie, pouvoir d’une minorité, et la démocratie, pouvoir de tous. Platon (V-IVe s. av. J.-C.), lui, donne sa préférence à l’aristocratie, pouvoir d’une minorité constituée des « meilleurs ».

Aristote (IVe s. av. J.-C.) précisera que ce qui importe n’est pas de savoir qui a le pouvoir (un seul, une minorité ou tous), mais comment et dans quel but le pouvoir est exercé.

2  La science politique moderne

La science politique devient moderne lorsqu’elle se libère de la religion, qui impose sa morale, et de la tradition, qui impose le respect des usages.

Ainsi, Nicolas Machiavel (1469-1527) ne cherche pas à décrire une société idéale, mais la politique telle qu’elle est pratiquée. Son œuvre maîtresse, Le Prince (1532), n’est pas un traité théorique, mais un guide pratique pour conquérir le pouvoir et le conserver, en sacrifiant la morale si nécessaire.

Aux XVIe et XVIIe siècles, Thomas Hobbes et John Locke justifient l’État non par la tradition, mais par le contrat : des individus, libres et égaux, acceptent de se soumettre à une autorité commune qui doit assurer la paix sociale. Le premier préconise de lui confier un pouvoir absolu, incontestable. Le second, au contraire, affirme que le pouvoir doit être divisé pour être contenu et qu’il existe un droit de dissoudre le gouvernement s’il n’œuvre pas au bien commun.

II Les démarches de la science politique

1  La démarche positiviste

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Un régime politique est un mode d’organisation des pouvoirs publics : processus de désignation, compétences, rapports entre les différents pouvoirs.

S’appuyant sur la méthode des variations concomitantes, elle cherche les caractéristiques et lois sociales propres au fonctionnement des différents régimes politiques.

Cette démarche permet ainsi d’identifier ce qui caractérise les démocraties : la séparation des pouvoirs, la pluralité des partis politiques, la liberté de choix des citoyens.

2  La démarche compréhensive

Les phénomènes politiques s’expliquent par des choix conscients et motivés des individus, non par des lois (individualisme méthodologique).

Cette démarche permet de comprendre la dérive d’une démocratie vers la « tyrannie de la majorité » (Tocqueville, XIXe s.) : comme il est impossible d’avoir une bonne connaissance de tous les sujets, la plupart des décisions sont prises en se fiant à l’avis majoritaire.

3  La démarche réaliste critique

Elle tente de concilier les deux démarches précédentes : elle reconnaît l’existence de lois sociales, mais considère que le politologue peut se tromper dans ses observations et donc dans l’énoncé de ces lois, qui peuvent alors changer.

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Les différentes constitutions selon Aristote

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Selon Aristote, la monarchie peut œuvrer à l’intérêt général ; c’est lorsque le monarque agit en son seul intérêt qu’il devient un tyran.

De même, le peuple n’agit pas toujours au nom de l’intérêt général : s’il se laisse guider par ses passions plutôt que par sa raison, il devient lui-même tyrannique.