Un déséquilibre territorial sous l’effet de la littoralisation

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Avec seulement 14 % de la superficie de la Chine, le littoral (soit l’ensemble des provinces littorales et Beijing) demeure l’espace clé du dynamisme économique. Il accueille près de la moitié de la population du pays, attire 82 % des IDE et concentre 57 % du PIB.

I Un territoire tourné vers les échanges maritimes

Repère
Mot clé

Les zones économiques spéciales sont des zones franches visant à attirer les investisseurs étrangers. L’exemple le plus célèbre est celui de Shenzhen.

Depuis 1980, les autorités chinoises ont misé sur l’attractivité du littoral pour développer le pays. Ainsi, les provinces de Guangdong et de Fujian ont bénéficié des quatre premières ZES. Celles-ci se sont par la suite étendues à toutes les villes littorales.

Le littoral chinois est la principale interface du pays. Sur les 8 premiers ports mondiaux, 6 sont chinois. Modernisés ces vingt dernières années, ils sont devenus de gigantesques hubs portuaires (Shanghai, 1er port au monde avec 40 millions de conteneurs EVP en 2017).

Les entreprises étrangères investissent principalement dans cette zone qui accueille une abondante main-d’œuvre, les principaux centres de recherche, les universités, les sièges sociaux des grandes entreprises et le pouvoir politique.

Espace privilégié de l’insertion dans la mondialisation, le littoral est aussi un moyen de pression pour affirmer la fierté nationale (contre Taïwan ou le Japon).

II Un espace renforcé

C’est dans cet espace que l’on retrouve les principales régions urbaines. La densité moyenne est de 472 hab./km2 mais l’urbanisation est discontinue. Le gouvernement chinois veut créer des mégalopoles afin de favoriser les synergies et d’augmenter la productivité de 3 à 5 %.

Pour attirer les investisseurs, les autorités continuent de multiplier les aménagements et à réorganiser l’espace. Le littoral possède les transports les plus modernes et efficaces du pays : aéroports, autoroutes et surtout à des lignes à grande vitesse (25 000 km en 2018) avec des vitesses moyennes de 350 km/h entre Beijing et Shanghai.

Le tourisme balnéaire connaît une forte croissance. Les Chinois, auparavant davantage attirés par l’intérieur du pays, se tournent de plus en plus vers la plage. L’île de Hainan est particulièrement prisée (hausse du marché touristique de 9,2 % en 2017).

III Des contrastes territoriaux accentués

Le littoral chinois est de plus en plus saturé. Entre les grandes métropoles, les aménagements sont de qualité et, souvent, performants. En revanche, au sein de celles-ci, ils restent insuffisants au regard de la densité du peuplement (congestion du trafic). Ces fortes densités favorisent les accidents, la pollution et la pression sur les milieux.

Certaines régions littorales souffrent de la concurrence économique de leurs voisines : la province de Liaoning a un PIB/hab. 2,5 fois plus faible que sa voisine Hebei.

chiffre clé

Selon la banque Morgan Stanley, les investissements chinois cumulés dans les pays traversés par ces « nouvelles routes de la Soie » dépasseront 1 200 milliards de dollars d’ici 2027.

Pour rééquilibrer le territoire, les autorités chinoises ont décidé de mettre en place des plans régionaux de reconversion (« Développement de l’Ouest », « Revitalisation du Nord-Est ») ou des projets, comme les « nouvelles routes de la Soie » vers l’Asie centrale ou la LGV Shanghai-Chengdu. Toutefois, ces mesures ne remettent pas en cause le rôle central joué par le littoral.