Les sociétés et les risques

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Des risques de plus en plus violents et fréquents

A) Les risques naturels et environnementaux

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Épave de bateau sur le site de la mer d’Aral

Certains risques sont liés à la mobilité de l’écorce terrestre (volcans, séismes, tsunamis). D’autres dépendent des variations climatiques (tempêtes, cyclones, sécheresses, inondations violentes…) ou des actions humaines (ex. : disparition progressive de la mer d’Aral en Russie par la surexploitation de l’eau, désertification en Afrique de l’Est…).

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Risque : danger potentiel qui menace de causer de graves dommages aux sociétés et activités.

Le réchauffement climatique contribue à bouleverser les milieux de vie, les économies et les sociétés, et peut créer des situations de risque, notamment par l’apparition de phénomènes de plus en plus violents et fréquents. La montée globale du niveau des eaux oblige certaines populations littorales à migrer (ex. : Maldives, Polynésie).

Les risques s’aggravent, lorsque des populations s’installent dans les zones de danger, par intérêt, par défaut ou par négligence (incendies de forêts par imprudence, bâti en zones inondables, bétonnage des sols) : plus les densités sont fortes, plus le risque s’élève. Or, le besoin d’espace, lié à la hausse des prix du terrain et à la forte croissance démographique mondiale, pousse les populations à s’installer dans les zones à risque.

Exemples

Plus de 160 millions de Bangladais sont contraints de vivre dans des zones fertiles mais inondées chaque année, lorsque les pluies de la mousson entraînent la crue des fleuves.

L’érosion menace les habitations installées sur le littoral atlantique français (effondrement de falaises, glissements de terrain), entraînant parfois la relocalisation forcée de populations et l’abandon de bâtiments trop proches des eaux.

Les activités qui ne tiennent pas compte du développement durable peuvent aussi être un facteur de risques : les cultures intensives accélèrent l’usure des sols, la déforestation favorise les inondations, les excès du tourisme perturbent l’environnement.

Les risques diffèrent donc selon leur nature et le territoire concerné. Les territoires les plus exposés sont les littoraux (cyclones et inondations dans les zones tropicales en particulier), les zones chaudes (sécheresses) et les zones d’affrontement des plaques tectoniques (volcans, séismes, en particulier dans la ceinture de feu du Pacifique). Les catastrophes causent d’importantes pertes humaines et matérielles et peuvent déstabiliser durablement les sociétés, de manière systémique : économiquement, politiquement (si l’État en place n’a pas bien géré les crises), démographiquement…

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Systémique : se dit d’un risque qui touche tous les aspects de la société (économie, population, politique, environnement…), avec un risque de dysfonctionnement massif.

B) Les risques technologiques

Les menaces technologiques augmentent avec le développement de l’industrialisation et de l’urbanisation qui concentre les populations et les activités à risque ; l’irradiation, l’explosion et la contamination de l’atmosphère sont redoutées (ex. : en août 2015, plusieurs explosions s’enchaînent dans le port de Tianjin (Chine), à partir d’un entrepôt de plus de 2 400 tonnes de produits toxiques, causant 173 morts et 800 blessés). Les sociétés craignent les accidents nucléaires (Tchernobyl en 1986, Fukushima en 2011).

Les catastrophes liées au transport et au stockage de produits toxiques ou non recyclables concernent l’humanité entière (marées noires, déchets polluants), en particulier les espaces urbanisés, les littoraux et les espaces maritimes. Conséquences de la production industrielle et de la consommation de masse, des « océans de plastique » se constituent, par la dérive des déchets dans l’Atlantique, le Pacifique et l’océan Indien.

Les catastrophes peuvent être accidentelles, volontaires (armes chimiques) ou le fruit d’une négligence ou d’un manque de moyens (structures mal entretenues, zones d’habitat trop proches des sites à risques). La croissance des échanges, liée à la mondialisation, favorise la diffusion de risques sanitaires (« vache folle », Covid-19 en 2020…).

Le réchauffement planétaire semble aggravé par la pollution croissante dégagée par l’industrie, les transports et le mode de vie mondialisé. Les milieux changent, alourdissant le poids des catastrophes naturelles (ex. : la dengue, véhiculée par certains moustiques, se diffuse dans de nouveaux milieux naturels avec le réchauffement climatique).

C) Des facteurs de risque combinés

Les aléas naturels peuvent se combiner à des aléas technologiques, industriels et sanitaires, accroissant le risque pour les populations. L’accident nucléaire de Fukushima (Japon) en 2011 illustre cette notion de risques combinés : le séisme sous-marin initial a engendré un tsunami (raz-de-marée) qui a entraîné la dégradation des centrales nucléaires littorales, aboutissant à des fuites radioactives. De même, les périodes de sécheresse extrêmes favorisent les incendies ; les inondations prolongées entraînent la propagation de risques sanitaires ; l’artificialisation des sols liée à l’urbanisation massive réduit les possibilités d’infiltration des eaux et augmente donc les risques d’inondation…

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Aléa : événement d’origine naturelle ou technologique qui peut devenir un risque s’il menace un enjeu (des populations, des biens, susceptibles de subir des dommages).

Des risques géopolitiques et militaires s’ajoutent parfois aux aléas évoqués. Les sociétés craignent des actions terroristes contre des sites industriels sensibles. Des rivalités politiques peuvent aboutir à des risques technologiques graves (risques liés à l’emploi potentiel de l’arme nucléaire, menace d’incendie des gisements pétroliers au Koweït lors de la guerre du golfe en 1991). Des situations de guerre ou d’instabilité politique déstabilisent les territoires et les sociétés, les privant de ressources vitales et démultipliant les effets des risques naturels (ex. : Syrie, Afghanistan, Irak…).

Prévenir et secourir : tous concernés !

A) Anticiper, prévenir, s’adapter et secourir dans les PID

a) La prévention par l’information et les choix d’aménagement

Les PID développent une éducation aux risques en informant les populations, en tirant des leçons des catastrophes pour améliorer la prévention et les secours. Ils développent des programmes de prévention dans les écoles et les entreprises, tels que les exercices d’évacuation simulant un incendie, ou, en France, le PPMS (plan particulier de mise en sécurité) qui permet de simuler une situation à risques pour que les citoyens apprennent les gestes à adopter en cas de catastrophe. Les ONG alertent également les populations sur les aléas et sur la nécessité d’adopter des comportements préventifs (ex. : Croix-Rouge).

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Prévention : démarche pour empêcher un risque ou en limiter les effets.

Les États s’adaptent, analysent les risques avant de bâtir, font des choix d’aménagement des territoires, définissent des plans d’occupation des sols pour empêcher les constructions en zones à risque (inondations, glissements de terrain…). Des plans de prévention des risques (PPR) réglementent l’utilisation des sols à l’échelle communale. Avec l’aide des pouvoirs publics qui délivrent les permis de construire (collectivités territoriales), ils sensibilisent les citoyens et les entreprises pour limiter les situations à risque. Ils anticipent les aléas en construisant des structures préventives : digues aux Pays-Bas, constructions parasismiques au Japon…

b) La prévision par la détection des risques et la planification des secours

Les PID ont des moyens financiers pour anticiper et prévoir les risques. Ils utilisent des systèmes de prévision, de surveillance planétaire par satellite, en particulier des points à risques (zones de faille à risque sismique, volcans…) ; le National Hurricane Center de Miami est chargé de la prévision des cyclones et des phénomènes tropicaux dans l’Atlantique Nord et le Pacifique Nord-Est. Ils reboisent les littoraux exposés aux tsunamis.

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Prévision : moyens de surveillance d’un aléa pour anticiper un risque.

Ils surveillent les sites industriels à risques par des plans de prévention.

Exemple

L’Union européenne a défini pour les sites industriels à risque un classement Seveso depuis 1982 qui impose des mesures de surveillance, des plans de secours par usine et des campagnes d’information. Le classement de 2015 recense 10 000 sites à risque dans l’UE, dont plus de 1 200 en France, comme le « couloir de la chimie » au sud de Lyon.

c) La gestion de crise : mise en sécurité des personnes, actions coordonnées

La gestion des secours en France est assurée par l’État et les collectivités : plans de déploiement des secours (police, pompiers, médecins), plans d’évacuation… Les préfets se coordonnent avec les secours civils (police, pompiers, urgence) et militaires, ainsi qu’avec les associations (Croix-Rouge). Exemple : l’ouragan Irma qui dévaste Saint-Barthélémy et Saint-Martin en septembre 2017 est anticipé par la surveillance satellite.

Après la crise, un bilan est analysé pour mieux se préparer dans l’avenir (ex. : depuis Fukushima, toutes les communes dans un rayon de 30 km d’une centrale nucléaire au Japon doivent se doter d’un plan d’évacuation coordonné des populations). Des plans de reconstruction sont définis, avec l’aide de l’État, des collectivités, des ONG et des assurances. Les victimes sont suivies psychologiquement et accompagnées financièrement.

B) Des moyens moins importants dans les PED

Faute de moyens techniques ou financiers adaptés, les PED sont plus vulnérables. Déjà touchés par les risques naturels, ces pays s’exposent aussi aux risques technologiques à mesure qu’ils s’industrialisent. La prévention et les secours dépendent des moyens disponibles et de la volonté des États, qui privilégient parfois davantage leur développement que la sécurité de leur population, même dans les pays émergents. Déployer une prévention efficace suppose d’avoir une éducation pour la majorité de la population.

Les conséquences des catastrophes sont aggravées par la désorganisation des secours, l’absence fréquente de moyens d’alerte, de plans d’évacuation, les insuffisances des réseaux de transport pour secourir les populations. Les victimes sont souvent plus nombreuses dans les PED (surtout dans les PMA), quand les catastrophes se produisent, et aussi par leurs conséquences (crises alimentaires, absence d’eau potable, épidémies…). Par exemple, le Népal, un PMA, est victime d’un violent séisme en 2015 (causant plus de 8 000 morts) alors que l’urbanisation se fait sans normes parasismiques.

Mots-clés

Vulnérabilité : degré de fragilité des sociétés, biens et activités face aux risques.

PMA : pays les moins avancés.

C) Une entraide internationale face aux inégalités de moyens

Aucune société n’est à l’abri de risques qui dépassent souvent les frontières : les nuages radioactifs de Tchernobyl en 1986 et du Japon en 2011, la pollution du Danube montrent qu’il est difficile de tout prévoir, même dans les PID. Les catastrophes, médiatisées, suscitent la solidarité de l’opinion publique internationale (ex. : mobilisation lors du séisme au Népal qui détruit une partie du patrimoine national en avril 2015). Les structures internationales (ONU, ONG…) utilisent les médias pour entraîner des actions d’aide humanitaire internationale et soutiennent une recherche scientifique utile à tous. Les citoyens interpellent les décideurs contre une situation de risque (ex. : manifestation contre la réouverture d’un réacteur nucléaire à la centrale de Sendai, au Japon, en 2015).

Dans le cadre des changements globaux, de nouvelles politiques internationales essaient de concilier la croissance économique, la protection de l’environnement et la réduction des inégalités entre PID et PED. Des sommets planétaires pour le développement durable (Kyoto en 1997, Copenhague en 2009, COP21 à Paris en 2015…) essaient de définir des projets mondiaux pour réduire la pollution. Si certains États n’en ont pas les moyens (PED), les accords de Paris (2015) prévoient de leur fournir une aide financière.