La laïcité

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La conquête du principe de laïcité en France

A) La genèse de la laïcité

Jusqu’en 1789, aucune laïcité n’existe en France. L’Église catholique encadre la population et soutient la monarchie absolue de droit divin. En 1789, l’Assemblée nationale adopte les libertés de pensée, y compris religieuses, dans la déclaration des droits de l’homme et du citoyen.

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Laïcité : principe qui garantit la liberté religieuse et la neutralité de l’État en matière religieuse.

Tout au long du XIXe siècle, la laïcité apparaît de plus en plus comme une contestation du poids politique que l’Église représente dans la société.

B) La IIIe République fonde l’État laïc

La IIIe République renouvelle la laïcité avec les lois Jules Ferry (1881-1882) qui créent l’école publique, gratuite, obligatoire et laïque, pour les filles et les garçons de 6 à 13 ans. Les signes religieux quittent l’école. Les enseignements présentent l’existence de croyances diverses, sans jugement de valeur, comme une richesse culturelle partagée.

Par la loi de séparation des Églises et de l’État du 9 décembre 1905, la République assure la liberté de conscience (liberté d’opinion) et de culte (liberté d’expression) à tous les citoyens. La République autorise toutes les religions, les respecte sur un pied d’égalité républicaine. Mais l’Église n’a plus de rôle politique et l’État ne se mêle plus des affaires religieuses, sauf en cas d’atteinte à l’ordre public. Chacun est libre de croire ou de ne pas croire, de pratiquer ou non.

C) Les IVe et Ve Républiques réaffirment le principe de la laïcité

La République est affirmée dans les constitutions de 1946 et 1958 comme « démocratique, sociale, indivisible et laïque ». L’État, neutre, assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction de religion. La laïcité n’est plus une source de conflit, mais la garantie de la liberté d’opinion et d’expression religieuse de tous les citoyens.

Pour renforcer l’égalité entre les citoyens, la loi du 15 mars 2004 interdit de porter de manière ostentatoire des signes religieux dans les bâtiments scolaires et publics. La loi entend ainsi empêcher d’imposer sa religion aux autres.

La Charte de la laïcité, affichée depuis 2013 dans tous les bâtiments publics, réaffirme tous les fondements de la laïcité républicaine.

La laïcité, un principe républicain

A) La laïcité encourage l’égalité entre les citoyens

Par le refus des discriminations, la laïcité encourage le développement d’une culture du respect et de la compréhension de la diversité culturelle et des croyances de l’autre.

L’État développe l’enseignement laïc du fait religieux dans le respect et l’égalité de toutes les croyances. Il s’efforce de donner à l’élève les moyens de comprendre le fonctionnement du monde en expliquant la richesse et le pluralisme des croyances sans porter de jugement.

B) La laïcité garantit les libertés individuelles et collectives

Elle soutient les libertés d’opinion (conscience) et d’expression (pratique religieuse). L’État protège les citoyens contre toute pression religieuse ou toute volonté d’imposer une croyance ; il garantit la liberté d’expression dans la limite du respect des valeurs républicaines et des opinions de tous. La charte de la laïcité (2013) réaffirme la liberté de croire ou de ne pas croire, protège les élèves contre le prosélytisme et l’intolérance.

L’État milite en particulier contre les dérives sectaires : certains utilisent les croyances pour créer un état de soumission psychologique chez un individu. L’État lutte aussi contre toutes les formes d’intégrisme, c’est-à-dire d’application intransigeante d’une religion qui censure toute opposition et idée neuve. La laïcité agit en faveur du libre arbitre de chacun.

Plusieurs organismes publics ou privés font de la prévention, de l’information et de l’aide aux victimes, notamment en favorisant leur réinsertion sociale. Des associations comme SOS Racisme multiplient les campagnes de sensibilisation et d’actions juridiques.

C) La laïcité favorise la fraternité, l’enrichissement mutuel

La laïcité encourage la fraternité et l’échange, en proposant aux citoyens un accès à une culture commune et partagée, fondée sur le dialogue et l’acceptation de la différence. Le lycée, par le foyer socio-éducatif, encourage la réalisation d’activités communes­ hors de tout cadre religieux et l’enrichissement culturel mutuel. La laïcité s’appuie sur les valeurs républicaines inscrites dans la devise pour permettre aux citoyens de vivre tous ensemble et en paix, dans un pays libre. Elle est célébrée le 9 décembre, en souvenir de la loi de 1905.

Une société française laïque

A) Une société multiculturelle

En France, 40 millions de catholiques, 5 millions de musulmans, 1 million de protestants et 600 000 Juifs, sans compter les autres religions plus minoritaires et les athées, ont tous le droit de s’exprimer et de construire des lieux de culte.

L’État laïc respecte les principales fêtes religieuses (plusieurs jours fériés, comme Noël, ont une origine sacrée) ainsi que les obligations religieuses. La République se place au-dessus des différences pour promouvoir la fraternité et l’égalité républicaine entre les croyances.

Exemples

L’autorisation de l’abattage rituel est délivrée par les préfets, les interdits alimentaires dans les cantines scolaires sont respectés, il est possible de construire des lieux de culte, qui sont vus par l’État comme un patrimoine culturel diversifié, les processions ou pèlerinages sont possibles…

B) La laïcité dans le monde du travail

Les agents du service public ont une obligation de neutralité dans l’exercice de leurs fonctions. Ils ne doivent pas exprimer leurs opinions religieuses dans le cadre de leur travail et doivent respecter toutes les croyances. Ils ne peuvent s’exprimer que dans la sphère privée.

Les employés des entreprises privées ne sont pas soumis à cette obligation ; cependant, en s’appuyant sur le Code du Travail, l’employeur peut introduire des dispositions favorisant la laïcité dans le règlement intérieur de son entreprise, uniquement si cela est nécessaire au bon fonctionnement de l’entreprise ; mais ces mesures ne peuvent pas être discriminatoires.

Exemples

Un employé privé peut placer des objets religieux dans son espace de travail et parler de religion, sauf si cela provoque des conflits au sein de l’entreprise. Une interdiction du port de signes religieux est possible s’ils mettent en péril la sécurité de l’employé ; le refus de remplir ses obligations de travail pour des questions religieuses n’est pas acceptable et peut être retenu comme une faute professionnelle. Les salariés ne peuvent pas refuser pour des questions religieuses leur visite médicale obligatoire.